Fiche de visionnage du documentaire "Manger peut-il nuire à la santé ?" du 16 février 2011, diffusé sur France 3. Je vous propose une synthèse des informations les plus importantes révélées dans ce reportage de Eric Guéret sur le porc, le saumon, la pomme et le pain.
La journaliste du documentaire a joué au cobaye pour analyser les molécules toxiques présentes dans son sang. Résultat : arsenic, plomb, mercure, PCB, une quarantaine de pesticides, DDT. C'est une analyse classique et on retrouverait la même chose chez chaque français. En quoi, alors, le porc, le saumon, la pomme et le pain sont-ils différents de ceux que mangeaient nos grands-parents quand la chimie n'avait pas fait irruption dans nos assiettes ?
David Servan Schreiber cite une étude sur des enfants : lorsque ceux-ci font une analyse d'urine, on y trouve des traces de pesticides. Lorsqu'on passe ces enfants à une alimentation bio à 70 %, il n'y a presque aucun résidu de pesticide dans leurs urines ; si on les remet à l'agriculture "chimique", on revoit le taux de pesticides remonter.
La pomme reçoit plus de 26 traitements de pesticides. Le documentaire prend l'exemple d'un producteur de pommes, qui, chaque fois qu'il est tombé 20 millimètres de pluie, refait un traitement. La France détient le record d'Europe avec 76000 tonnes de pesticides épandus chaque année. Dans le verger industriel présenté en exemple, les rendements sont 3 fois plus importants qu'en bio. Selon le lobby des produits phytosanitaires (UIPP), le rendement sans traitement est 2 fois moindre et donc ne permettrait pas de nourrir la Planète.
Dans 1 kg de pommes analysées du verger en agriculture intensive, on retrouve autant de pesticide que dans 1000 litres d'eau du robinet (qui équivaut à un an de consommation d'eau). En 2007, La répression des fraudes a analysé 5000 échantillons de fruits et légumes ; la moitié d'entre-eux contenait des résidus de pesticides et 10 % des fruits et légumes contenaient des doses de produits chimiques supérieures aux normes autorisées.
Si on vit plus vieux aujourd'hui, c'est parce qu'on a maîtrisé les microbes, mais depuis les années 1950, on déverse des quantités monstrueuses de produits chimiques dans la nature ; donc l'espérance de vie peut très bien s'effondrer. Il est donné l'exemple d'un agriculteur déclaré en maladie professionnelle à cause des pesticides (myopathie). Les agriculteurs courent, en effet, 2 fois plus de risques de développer la maladie de Parkinson et certains cancers (mais aussi la maladie d'Alzheimer).
Comme le dit David Servan Schreiber, l'alimentation "conventionnelle" est l'alimentation chimique qui date de 1950 alors que l'alimentation bio est l'alimentation normale d'avant 1950. Selon la Food and Agriculture Organization des Nations Unies, on pourrait nourrir toute la planète en agriculture biologique.
Un tiers des boulangers français achète sa farine aux Grands moulins de Paris. Les journalistes font faire une analyse de la farine complète des Grands moulins de Paris ; on y retrouve 2 résidus de pesticides en quantité importante. Ces insecticides sont des insecticides de stockage et non ceux épandus sur la culture (infiniment plus faibles que les résidus d'insecticides de stockage : 1000 fois moins !) La Solution est de stocker le blé dans des silos réfrigérés à moins de 10°C, mais c'est plus cher. Seules quelques coopératives en sont équipées dont la filière CRC (Cultures et Ressources Contrôlées) qui produit notamment de la farine Label Rouge et qui n'utilise pas de pesticides de stockage.
Le reportage présente un meunier qui ne pouvait pas respirer la poussière du blé chargée d'insecticides et qui le faisait saigner du nez (ce qui n'arrive plus avec le blé non traité aux insecticides de stockage). Seuls les artisans boulangers et un seul groupe de grande distribution française sont réceptifs à ces filières qualité, selon le meunier.
On retrouve des pesticides de stockage dans le pain industriel et plus encore dans le pain complet qui contient l'enveloppe du blé. Ce n'est pas le pain complet auquel on attache le plus de soin car c'est moins intéressant à faire, d'où l'utilisation de kits pour ces pains (contenant des additifs), selon le meunier interrogé. Il y a beaucoup d'additifs dans les pains spéciaux produits de manière industrielle et/ou à partir de kits. On peut reconnaître les pains bourrés d'additifs : quand on presse la pâte ou la mie, celle-ci ne reprend pas sa forme d'origine. En France, 1 artisan boulanger sur 2 ne fabrique plus ses viennoiseries (prêtes en 10 minutes contre plusieurs heures). Les croissants industriels sont truffés d'additifs chimiques. Il est donc conseillé de choisir du pain bio pour le pain complet ou le pain multicéréales.
Depuis 10 ans les porcs absorbent à eux seuls la moitié des antibiotiques de France. Il n'y a pas assez de contrôles, faute de moyens. Les contrôles dans les abattoirs sont visuels. On va alors devoir bourrer les jambons d'additifs : nitrates, nitrites, polyphosphates, colorants, oxyde d'hémoglobine : ce n'est pas bon, surtout pour les petits enfants.
L'herbe contient l'oméga 3. En retirant les vaches des prés, on les a privées de ce nutriment. Le lait, le beurre, la viande, les oeufs ne contiennent plus assez d'oméga 3 et, par conséquent, notre organisme aussi. Oméga 3 et 6 sont des acides gras que le corps ne peut pas fabriquer, mais pourtant indispensables à son fonctionnement (membranes des cellules, ...). Ils ne peuvent provenir que de l'alimentation. Les oméga 6 favorisent l'inflammation, la coagulation du sang, stimulent la croissance des cellules dans le corps ; les oméga 3 font l'inverse. Tant que les deux sont en équilibre, ça va bien. Mais depuis l'alimentation industrielle, les oméga 6 sont en augmentation constante et les oméga 3 chutent. Chez un adulte, les seules cellules qui peuvent croître, croître, croître sont la graisse et le cancer. Un oeuf de 1960 avait à peu près autant d'oméga 3 que 6 ; c'était un aliment sain. Un oeuf de 2000 contenait 20 fois plus d'oméga 6 que d'oméga 3 !
L'association Bleu Blanc Coeur utilise du lin (qui stocke les oméga 3) dans l'alimentation de ses animaux pour rééquilibrer. Il suffirait de cultiver 1 % de la surface agricole française en lin pour rééquilibrer l'alimentation de nos élevages. Le documentaire présente ensuite un test effectué par l'INRA : le jambon enrichi en oméga 3 naturel (porc nourri avec des graines de lin) en contient effectivement plus que les autres jambons (mais est un peu plus cher).
Pour apporter sa ration alimentaire d'oméga 3, il suffit de consommer 80 grammes de pain au lin par jour (soit l'équivalent de 4 tartines de pain). Cela permet la baisse de 8 % du cholestérol, de 8 % du mauvais cholestérol et de 35 % des triglycérides. L'huile de colza contient 10 % d'oméga 3 (c'est celle qui contient le plus d'oméga 3 des huiles de consommation courante). Mais il faut aussi des apports d'oméga 3 de la viande et du poisson.
Les saumons sont colorés à la demande par des produits chimiques (et non plus à base de crevettes). 10 ans de recherches génétiques et nutritionnelles ont permis une croissance 2 fois plus rapide (mais le saumon est 4 fois plus gras). Il est soulevé le problème de la chair qui ne se tient pas, problème qui n'est pas rencontré avec le saumon bio. En outre, un saumon bio n'est pas aussi rose car ce ne sont pas les mêmes colorants qui sont utilisés. Par ailleurs, en bio, on a 2 fois moins de saumons dans les cages des aquaculteurs.
Les saumons d'élevage sont nourris d'huiles et de farines de poissons sauvages, qui contiennent des PCB et de la dioxine (même pour le bio). Une étude est en cours pour arriver à "nettoyer" ces huiles et farines des produits.
Plus le poisson est gros (thon, espadon, requin) et plus il accumule les contaminants. On ne peut pas trouver de thon avec moins d'1 milligramme de mercure par kilogramme de thon frais (et souvent on est à 2, 3 voire 4 mg). Pour les femmes enceintes, il ne faut pas consommer ces poissons prédateurs plus d'une fois par mois (recommandation en Suède). Alors certes, les femmes enceintes qui consomment plus de poisson ont des enfants qui ont moins d'asthme, de diabète, un meilleur système immunitaire, un QI de 7 points supérieur à l'âge de 4-5 ans, simplement parce qu'ils ont eu assez d'oméga 3 pendant la grossesse. Il ne faut donc pas supprimer le poisson pendant la grossesse pour éviter les PCB, mais privilégier les petits poissons : sardines, anchois, maquereaux, et saumon de temps en temps.
Plus de 90 % des produits de l'industrie agroalimentaire sont déséquilibrés aujourd'hui. Pour le goûter des enfants, il est préconisé du pain avec du chocolat noir, un fruit. Au XIXème siècle, on consommait 5 kg de sucre raffiné par personne et par an ; en 2000, on est à 37 kg ! Dans une canette de coca cola, il y a 12 morceaux de sucre ! Le risque à 40-50 ans est de développer un diabète, une obésité, des maladies cardio-vasculaires, certains cancers.