En introduction du documentaire, le poisson d'élevage est présenté comme une industrie planétaire.
L'une des espèces les plus dangereuses serait le saumon d'élevage.
Kurt Oddekalv, écologiste, dénonce l'utilisation d'un pesticide
neurotoxique pour soigner les saumons, déversé par des hommes
munis de combinaisons et de masques à gaz.
"Le saumon norvégien c'est la nourriture la plus toxique du monde"
selon Kurt Oddekalv.
On apprend que 60 % des poissons sont pêchés, le reste est du poisson d'élevage (beaucoup moins cher).
Le panga est le poisson le moins cher. C'est l'un des poissons les plus consommés dans les cantines scolaires. 95 % de la production vient du sud du Vietnam. Le documentaire nous emmène visiter la production de pangas de M. Minh où les poissons atteignent leur taille adulte en 6 mois (soit deux fois plus vite que la normale). Les pangas sont transformés en filets congelés et gorgés d'additifs. Les employés à la chaîne sont payés à la performance ; la cadence moyenne est de 10 secondes par poisson pendant 10 heures par jour. L'addition de polyphosphates se fait en lessiveuse ; ainsi les poissons sont plus faciles à congeler mais sont également gorgés d'eau, ce qui augmente artificiellement leur poids. A l'arrivée, le panga n'a ni goût, ni odeur mais ce qui est présenté comme un avantage par ses producteurs car le poisson prend le goût des épices utilisés quand il est cuisiné et convient donc à la cuisine du monde entier.
Le WWF a inscrit le panga sur sa liste rouge des produits dangereux pour l'environnement et le consommateur.
Certaines fermes aquacoles productrices de panga au Vietnam sont installées dans les canaux pollués (déchets déversés par les habitants, épandages massifs de pesticide pour la culture intensive du riz exporté). En conséquence, les éleveurs déversent des quantités industrielles de médicaments pour soigner les pangas malades de cette pollution. Patrick Kestemont, chercheur, a été appelé pour étudier les saignements et maladies du foie dont les poissons sont victimes ; il pointe une utilisation de doses dangereuses de médicaments : antibiotiques, produits chimiques et pesticides qui renforcent, à terme, les maladies, ce qui entraîne une nouvelle augmentation des doses utilisées ; c'est un cercle vicieux.
En Norvège, le saumon d'élevage représente la deuxième ressource du pays et 70 % du saumon consommé en France est du saumon de Norvège. Sous les cages d'élevage des saumons, on trouve des couches de 15 m de sédiments de restes de nourriture avec présence de pesticides. Ces derniers produisent des mutations génétiques sur des cabillauds d'élevage qui ne peuvent pas fermer la bouche. Il faut 8 générations pour que la mutation disparaisse et ces cabillauds d'élevage se reproduisent avec des cabillauds sauvages. Les saumons subissent aussi des mutations, bien que moins spectaculaires : queue plus petite, peau qui ne couvre pas les branchies, chair moins élastique qui se brise (dans le saumon sauvage, il y a 5 à 7 % de gras alors qu'il y en a 15 à 34 % dans le saumon d'élevage présenté). Kurt Oddekalv en conclut : "Comme les produits chimiques se stockent dans le gras, ça fait du saumon la nourriture la plus toxique du monde". Ces observations sont confirmées par les recherches d'un français qui a cherché la concentration en produits toxiques dans différents produits alimentaires (hamburger, oeufs, pomme, pomme de terre, morue, saumon, ...). Les résultats sont édifiants : le saumon d'élevage serait 5 fois plus toxique que tous les autres produits alimentaires. Une théorie émergente suspecte le saumon d'élevage d'entraîner obésité et diabète, si on en croit le test sur des souris nourries au saumon d'élevage.
Ce qui rend les saumons d'élevage toxiques n'est pas tant les pesticides auxquels ils sont traités mais les croquettes auxquelles ils sont nourris. De nombreux polluants - dioxines, PCB, dialtrine, ... - sont trouvés dans les croquettes pour poissons, fabriquées à partir d'anguilles de sable (poissons gras : protéines + huile). 20 % proviennent de la mer baltique, une des mers les plus polluées du monde. Harengs, saumons et anguilles de la Baltique ne doivent être consommés qu'une fois par semaine au maximum, selon les recommandations sanitaires locales, et sont interdits aux femmes enceintes. Ils contiennent une grande concentration de dioxine, un des poisons les plus puissants. Même une petite quantité de dioxine peut avoir des effets sur le système hormonal ou provoquer des cancers. Les papeteries suédoises sont à l'origine de la pollution à la dioxine et 9 pays industrialisés ont déversé les produits pollués de leurs usines dans une mer presque fermée où les eaux ne se renouvellent qu'au bout de 30 ans.
Plus un poisson est gras, plus il fixe de polluants (mercure, dioxine, métaux lourds, pesticides, PCB - les pesticides ou PCB ne s'éliminent jamais). Ces polluants organiques persistants, en remontant dans la chaîne alimentaire, se concentrent de plus en plus dans les parties grasses. En bout de chaîne, 1 kg de saumon ou de thon est beaucoup plus toxique qu'1 kg de petits poissons. C'est pourquoi certains poissons gras de la Baltique ont été rendus impropres à la consommation et se retrouvent de moins en moins dans les assiettes des consommateurs. Du coup, ils se retrouvent massivement sur le marché des croquettes pour poissons et c'est là que l'intoxication s'accélère. L'huile des croquettes concentre les polluants ; les poissons d'élevage sont beaucoup plus exposés.
Les protéines des croquettes ont des conséquences encore plus graves : l'éthoxyquine qui est un pesticide enregistré en 1959 par Monsanto y est utilisé comme antioxydant. Il servait à traiter les fruits et légumes, usage strictement encadré. La répression des fraudes suisse a détecté l'éthoxyquine dans la chair des poissons d'élevage en concentration bien au dessus des 50 µg/kg autorisés dans les aliments (10 à 20 fois plus dans le poisson). On n'en trouve pas dans les poissons sauvages mais tous les poissons d'aquaculture sont intoxiqués, y compris ceux de l'aquaculture biologique, d'après l'étude du laboratoire de la répression des fraudes. L'éthoxyquine est mise dans les croquettes pour poisson pour éviter que la graisse rancisse. Mais les fabricants n'ont pas prévenu les autorités sanitaires de cette utilisation, de ce changement de destination. Or des normes sévères encadrent son utilisation dans les viandes (y compris le kangourou ou les reptiles !) ou les fruits et légumes mais rien pour les poissons !
Les effets de l'éthoxyquine n'ont jamais été étudiés par l'EFSA, agence européenne de la santé alimentaire (cancer, effet sur le foetus, neurotoxicité : aucune étude n'a été effectuée donc pas de conclusion sur une dose admissible). Une seule étude sérieuse a été réalisée par une chercheuse norvégienne, dans le cadre d'une thèse. Cette chercheuse nous apprend que personne, pas même le fabricant Monsanto, n'avait idée des effets sur la santé humaine : "Il n'y a pas eu d'analyse ; ils ont juste supposé qu'il n'y avait pas de problème. L'éthoxyquine a la possibilité de traverser la barrière hémato-encéphalique du cerveau. Or celle-ci sert à protéger le cerveau contre les toxiques. Aucune substance toxique n'est censée la traverser. Il y a également de probables effets cancérigènes. Cette découverte devrait être publiée aussi vite que possible". Malheureusement, la chercheuse a été remerciée par son organisme public de recherche et ne peut plus publier. Elle a même perdu son statut de chercheur et a subi des pressions et des tentatives de falsification de ses résultats. Déjà, une autre chercheuse, Claudette Bethune, avait dénoncé les pressions et falsifications de sa hiérarchie dans les résultats de ses recherches sur le cadmium dans le saumon. Elle avait été licenciée. Les crédits de recherche sur l'éthoxyquine ont été coupés par le Ministère de la pêche norvégien il y a 4 ans. Selon Kurt Oddekalv, cette décision pourrait avoir été prise par la ministre de la pêche en personne. Elle aurait fait baisser les seuils de toxicité pour continuer à vendre le poisson. Tout ça pour une question d'argent. Elle est totalement corrompue, selon Kurt Oddekalv. Elle a, en effet, travaillé pour les fabricants de croquettes de poisson, pour l'industrie du saumon et pour le lobby du saumon, avant d'arriver au Ministère de la pêche. Elle possède, avec sa famille, environ 10 % d'une saumonerie et son directeur de cabinet 20 % d'une autre.
L'industrie agroalimentaire utilise les "déchets de poissons" qui restent après extraction des filets de poissons, dans les plats cuisinés de poissons ou les rillettes de poissons, par exemple. Ces "déchets de poissons" sont appelés "la pulpe". Le documentaire présente l'exemple d'une inspection de la répression des fraudes qui vérifie la constitution d'une brandade de morue. Quand un plat cuisiné mentionne un poisson sans la mention "filet", c'est en général de la pulpe qu'il s'agit. C'est plus facile de dissimuler une autre espèce dans la pulpe que dans un filet. Selon une étude américaine, une étiquette de plat de poisson sur 3 serait mensongère. Et c'est le cas de l'échantillon de pulpe de l'exemple qui contient de la morue du Pacifique et du colin d'Alaska (moins cher que la morue).
Pour finir le reportage, un cancérologue recommande de manger plutôt des petits poissons riches en oméga 3 que les gros poissons (mercure, radioactivité de Finlande, PCB, ...). Les autorités sanitaires françaises ont revu leurs recommandations à la baisse : ne pas manger plus de 2 fois par semaine du poisson (seuil au delà duquel les risques dépassent les bénéfices) et pas plus d'une fois par semaine pour les poissons gras et pour les populations à risque (femmes enceintes, enfants de moins de 3 ans, personnes âgées) pas plus d'une fois tous les 2 mois pour certains poissons.
En résumé, trois règles ont été données :
Et nous n'en avons pas fini avec l'homme apprenti sorcier : une société américaine vient d'obtenir l'autorisation de mise sur le marché d'un saumon génétiquement modifié (1 gène modifié qui sécrète une hormone de croissance) qui grossit 11 fois plus qu'un saumon normal.